L'écriture de cette nouvelle est le fruit de deux expériences uniques, aussi déstabilisantes que fondatrices :
Par l'un des puissants hasards de la vie (et la magie de la toile), mon mari a un jour découvert sur une annonce immobilière, l'appartement de mon enfance. Le choc a été très fort, de le voir là, juste là, de retrouver des détails intacts et d'autres complètement modifiés, et plus que tout : de pouvoir s'y projeter.
Il m'est impossible de m'approcher de certains lieux perdus de mon enfance, malgré cela, de façon paradoxale, j'ai très vite décidé de visiter cet appartement. D'y retourner, juste une fois, d'y emmener mes enfants, de m'y promener, frôler de la main un mur, pousser une porte, regarder une fois encore par la fenêtre de ma chambre.
Le second confinement a posé plusieurs semaines entre la prise de rendez-vous et la visite. Plus le moment approchait, plus les doutes et le stress augmentaient. L'écriture est venue à ce moment-là, avant la visite puis au retour chez nous, pour canaliser les idées qui tournent en boucle, pour poser les sensations, donner une forme, offrir un avenir. Mettre des mots tout simplement.
La pandémie a également repoussé l'atelier d'écriture auquel j'étais inscrite (je vous raconterai pourquoi et comment). Un an plus tard, pétrie de curiosité je pousse l'imposante porte de la NRF rue de l'Université, où face au splendide jardin de l'hôtel Gallimard, Laurence Tardieu accueille notre groupe.
J'étais venue avec une envie, avec un texte assez avancé sur une maison de famille, tout cela a été laissé de côté. Sans dévoiler le contenu de l'atelier intitulé "Aux frontières de l'intime", nous avons eu pour consigne de partir de zéro, de trouver une phrase un bout de phrase, quelques mots, de les partager, de les développer.
À mon tour j'ai dit, sans bien savoir pourquoi : "Ce matin je pars en arrière, je marche à l’envers."
Et puis il a fallu en faire un paragraphe, un autre, j'ai changé, tout revu tout refait encore et encore (je vous raconterai ça aussi, peut-être !). Ce qui est venu, c'est la visite de l'appartement.
À la fin de l'atelier (deux weekends sur place avec un mois d'intervalle et travail à distance) j'ai lu L'enfance en haut de l'escalier, devant tous les participants et Laurence. Je pense que personne n'a rien compris tant ma voix tremblait, tant j'étais bouleversée.
Plusieurs années ce texte est resté de côté, je ne l'ai fait lire à personne mais il a provoqué quelque chose. Le premier jour de l'atelier je me suis présentée en affirmant : je n'écris qu'à propos de ce que je connais. Quelques mois plus tard sont revenus des mots des scènes et des idées oubliés, j'ai su les écouter, les noter, les regarder grandir. Une page, dix pages, quatre cent pages, sont devenues une fiction.
Aujourd'hui je suis prête à publier L'enfance en haut de l'escalier, car son côté universel a dépassé l'expérience personnelle, parce que ce lieu m'a livré son secret, peut-être, parce que les émotions résonnent lorsqu'elles sont partagées. Parce qu'une partie de moi grâce à l'écriture a su se libérer des ruptures, de l'enfance qui s'en va et ne reviendra pas, en appui sur ce qui du passé m'a fait grandir et me constitue.
J'espère que ce récit trouvera un écho en vous. Peut-être vous rappellera-t-il la silhouette d'une maison, une porte trop tôt refermée, le parfum de cire d'un escalier que vous n’avez pas oublié.
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