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11.12.12

L’impressionnisme et la mode


Le Musée d’Orsay présente jusqu’au 20 janvier une exposition trait d’union entre les peintures impressionnistes et la mode de l’époque, en collaboration avec le Musée Galliera. Elle sera présentée par la suite au Metropolitan Museum of Art de New-York (du 19 février au 27 mai 2013), et à l’Art Institute de Chicago (du 30 juin au 22 septembre 2013), musées avec lesquels elle a été imaginée.


Au rez-de-chaussée du musée parisien, de grandes et hautes salles sont le cadre de cette alliance inédite : près de 60 œuvres et plus de 40 tenues se rejoignent dans une scénographie fraiche, rythmée et volontiers détendue (mais très controversée) de Robert Carsen. Personnellement, je suis plus choquée par l’étroitesse des salles consacrées à l’impressionnisme dans les collections permanentes du musée, où les tableaux sont collés les uns aux autres, où il fait très très chaud, où il y a un monde incroyable, et où l’on ne profite finalement pas de sa visite. J’aurais l’occasion de vous en reparler.
Et puis, nombre des tableaux exposés ne le furent-ils pas, modernes et controversés ??

Les salles, toutes différentes, nous parlent de l’époque à travers la mode, des femmes dans leur intérieur, du monde des arts, des mondanités et des sorties. On retrouve dans cette exposition avec un immense plaisir des tableaux-cultes (la Balançoire de Renoir, le Déjeuner sur l’herbe de Monet, les Danse à la ville et à la campagne de Renoir, Jeune femme en toilette de bal de Berthe Morisot …). C’est également l’occasion d’en découvrir de (très) nombreux autres (Octobre de Tissot, Nana de Manet, La loge de Renoir…), tout aussi marquants, venus de musées du monde, ou prêtés par des particuliers (!). Un vrai bonheur.

Le fonds du Musée Galliera (entre autres) est d’une grande richesse, et l’on peut à loisir détailler les tenues, rêver devant les ravissants souliers, les gants, les chapeaux fleuris, les ombrelles et même, chose rare, les dessous ! Tous ces objets définissent l’« attitude » de la fin du XIXème siècle. Les codes vestimentaires se découvrent extrêmement complexes et compartimentés, selon l’heure ou l’activité. Quel travail d’être une femme ! La recherche de la distinction et de la perfection n’épargne d’ailleurs pas la mode masculine.
Une grande liberté souffle sur les pauses et le style des tableaux présentés. Peu à peu, cette même liberté libère les costumes et les coutumes. Formes, couleurs, matières, font évoluer la  mode à vive allure.

L’exposition du Musée d’Orsay fait écho à l’anniversaire du Bon Marché, où la diffusion de la mode en accélère l’essor. A travers les salles transformées en salon, couloir ou boudoir d’une demeure, l’esprit de la parisienne transparait : élégance, distinction et sens inné de la mode. Et comme le disait Arsène Houssaye, « la parisienne n’est pas à la mode, elle EST la mode ». Serait-ce soit toujours vrai ?

La vision des impressionnistes peint les femmes avec une infinie douceur et beaucoup de tendresse. Et dans cet instantané de vie, la mode est un élément essentiel de modernité et de représentativité de son époque. D'ailleurs le titre de l'exposition pour les Etats-Unis est "Impressionism, Fashion, and Modernity".

Il va sans dire qu’il est hautement interdit d'y faire des photographies, je vous propose donc de visiter le site dédié à l’Impressionnisme et la mode. Vous y trouverez des photos des tableaux et des tenues, de nombreux commentaires, des interviews, de la musique, des photographies du Paris fin XIXème, des livres… Et si comme moi, vous rêvez de vous glisser dans les coulisses d’une exposition ce sera possible avec un diaporama de l’installation et de la scénographie. Il y a également sur ce site quelques digressions elles aussi controversées… Décidément, cette exposition aura fait couler de l’encre. C’est tout l’intérêt de l’art.